Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L’Encyclopédie de De Bruyne : mensonges et perfidie (11)

 

De Bruyne se trompe de scoop (1) :

Fernand Rouleau n’est pas le père de la Légion Wallonie !

 

« À l’annonce de l’invasion de l’URSS, ⤇ F. ROULEAU, Lieutenant du Chef, profitant de l’absence de DEGRELLE en pourparlers avec O. ABETZ à Paris, décrète la mise sur pied d’un Corps Franc Wallon contre le Bolchevisme. Par la suite, grâce à une intervention tapageuse dans le recrutement, DEGRELLE parvient à s’approprier la paternité de la mise sur pied de la Légion Wallonie. »

Nous voici face au dada obsessionnel de De Bruyne (échafaudé dans Les Wallons meurent à l’Est en 1991, sans aucune mention de source) : Léon Degrelle n’a rien à voir avec la création de la Légion Wallonie ; il a simplement sauté dans le train en marche, de peur sans doute de rater une nouvelle opportunité de se réserver une place confortable au soleil (au prix surtout de se faire trouer la peau, mais cette réalité-là chaud très peu à De Bruyne !)

53 Fernand Rouleau.jpgMais à qui fera-t-on croire que c’est de sa propre initiative et sans en avoir jamais référé à Léon Degrelle que le propre « Lieutenant du Chef » aurait profité de l’absence momentanée de ce dernier pour s’arroger le pouvoir de « décréter » (être « remplaçant du Chef en son absence » n’autorise pas tout !) la mise sur pied d’un Corps franc Wallonie, mettant ainsi tout le mouvement Rex et son chef devant le fait accompli ?

Et quelle est l’ « intervention tapageuse dans le recrutement » opérée par un Léon Degrelle probablement mort de jalousie pour se réapproprier la paternité de la Légion Wallonie ? L'affabulateur De Bruyne n’en dira pas plus ! Mais le mal est fait : le pseudo-scoop de De Bruyne a enflé comme une rumeur malfaisante, contaminant sites, blogs, forums se recopiant l'un l'autre sans jamais rien vérifier...

 

Dès avant le coup de théâtre salvateur de l’invasion par les armées du Reich, le 22 juin 1941, du monstrueux empire bolchevique menaçant l’Europe et sa civilisation, Léon Degrelle avait en effet multiplié les offres concrètes d’appui logistique et militaire au Reich providentiel :

- ce fut (De Bruyne le signale), en février 1941, « l’enrôlement de rexistes dans les NSKK [Corps de Transport National-Socialiste] » ;

54 Affiche NSKK.jpg- de même (De Bruyne y fait également allusion), le recrutement de deux groupes de militaires (aviateurs et soldats) avait été envisagé pour, d’une part, protéger la colonie belge du Congo des visées anglaises et, d’autre part, se mettre à la disposition de la Luftwaffe pour participer aux combats aériens contre la Grande-Bretagne (De Bruyne fusionne cependant les deux missions en un français qu’il doit être seul à vraiment comprendre : « lever des volontaires pour opérer contre la Grande-Bretagne en vue d’occuper le Congo belge » !) ;

- enfin, rendons cette justice à De Bruyne qu’il signale ce fait capital : Léon Degrelle « introduit auprès d’A. HITLER (10.04.1941) une offre personnelle d’enrôlement, comme simple soldat, dans la Heer, la Luftwaffe ou les Waffen-SS. »

Mais il ne dit rien de la réponse du Führer, écartant cette généreuse proposition d’engagement au nom du rôle politique insigne qu’il confirme à Léon Degrelle (voir ce blog au 7 mai 2016). Et surtout, il ne dit rien du caractère confidentiel et désintéressé de cette proposition d’engagement. Lorsque Léon Degrelle fut obligé d’en parler car la réponse circonstanciée du Führer l’empêchait de s’engager dans le Corps franc Wallonie, on considéra bien sûr cette justification comme une excuse opportuniste. Jusqu’à ce que l’historien flamand (et antidegrellien orthodoxe : il ne manqua d’ailleurs pas d’en travestir la signification) Albert De Jonghe ne la retrouve, en 1978, dans des archives récupérées par le Centre de Recherches et d’Etudes historiques de la Seconde Guerre mondiale (CREHSGM, actuel CEGESOMA).

A elle seule, cette lettre, en aucune façon destinée à la moindre publicité, adressée personnellement au chef suprême de toutes les armées du Reich, documente la volonté de Léon Degrelle –qui ne se démentira jamais– de consacrer sa vie au triomphe de l’idéal rexiste désormais confondu avec l’idéal national-socialiste. Elle rend également caduques et irrecevables toutes les tentatives des pseudo-historiens à la De Bruyne pour faire accroire la légende d’un Léon Degrelle arriviste et opportuniste pour qui l’engagement militaire ne constituait qu’un pis-aller, lui permettant d’envoyer gratuitement ses soldats à la mort, usurpant ainsi sa gloire, ses grades et ses décorations,... Parmi ces « historiens », on citera Martin Conway –voir aussi ci-après– qui présente cette lettre non comme une offre réelle d’engagement militaire au service de l’idéal national-socialiste, mais comme « un accès d’humeur désespérée […] pour exprimer sa frustration » à un Hitler qu’on a toujours su prodigieusement intéressé par les états d’âme de tout un chacun !!! Pour sortir de pareille invraisemblance, l’antidegrellien britannique fera semblant d’ignorer la réponse décisive du Führer et s’obligera à supputer que la « lettre ne sera probablement jamais arrivée jusqu’[à lui] » !...

55 Meeting Liège 05 01 1941.jpgCette lettre, exprimant la communion spirituelle fervemment ressentie par son auteur avec l’idéal mis en œuvre par son destinataire et sa volonté de se joindre militairement à sa réalisation (donnant –soulignons-le également au passage– tout son sens au Heil Hitler du 1er janvier 1941 !), mérite une citation intégrale, tant elle illustre la volonté inébranlable de Léon Degrelle de ne certainement pas se tenir à l’écart d’aucun combat national-socialiste remodelant l’Europe, dût-il y laisser la vie.

« Führer,

Des mois ont passé depuis que je suis revenu des prisons françaises. Et, depuis ces mois-là, j’assiste, inactif, à l’héroïque et magnifique effort de la jeunesse allemande, en train de créer la plus grande épopée de tous les temps.

Vous devez comprendre certainement, Führer, ce qui se passe dans mon âme : le sort de mon pays est en suspens ; tant que la guerre ne sera pas finie, je me rends parfaitement compte qu’aucune solution ne sera donnée à la Belgique. Après six années de lutte très violente, après des mois de cachot et de tourments, je me sens livré à un chômage qui m’est beaucoup plus dur que les luttes du passé et les tourments dans les prisons.

Je suis patient. J’attendrai avec calme l’heure où votre sagesse règlera le sort de l’Occident. Ce qui m’est lourd, ce n’est pas l’attente, mais l’inaction totale à laquelle je suis livré, alors que toute votre Jeunesse lutte et combat, elle, dans le sacrifice et la gloire.

Penser qu’à cette heure incomparable du destin, je suis immobile et stérile, m’est particulièrement amer. Je voudrais, moi aussi, lutter, combattre, ne faire, avec votre Jeunesse, qu’un bloc de foi, de courage, de volonté.

C’est pour sortir de cette inaction que je vous écris, Führer, afin d’obtenir de vous l’honneur insigne de pouvoir lutter, fraternellement, à côté de vos soldats.

Pendant la durée de la guerre, je ne puis, politiquement, être d’aucune utilité. Laissez-moi donc alors, Führer, mettre à votre disposition, sur les champs de bataille, ma force et ma jeunesse !

Je sais que les étrangers ne peuvent lutter dans vos armées. Mais n’ai-je pas assez souffert, à cause du IIIe Reich, au cours de ma lutte et au fond de dix-neuf cachots successifs, pour que vous ordonniez une exception en ma faveur ? Appelez-moi où vous voulez, à l’aviation, aux Panzerdivisionen, au poste le plus modeste ou le plus ingrat des SS, n’importe où, je serai heureux et fier de mettre ma vie à la disposition de votre idéal.

Führer, je suis certain que vous ne me refuserez pas cette joie.

56 Meeting Liège LD.jpgVous vous souviendrez du jeune homme qui, dès 1936, venait à Berlin vous apporter le salut de REX.

Vous vous souviendrez de la vigueur avec laquelle, pendant le long combat rexiste, nous avons, à Rex, défendu le droit de l’Allemagne à la vie et les principes du National-Socialisme.

Vous vous souviendrez enfin, Führer, de mes pauvres camarades rexistes assassinés, en 1940, et des milliers d’autres qui ont connu, avec moi, les privations et les tourments des prisons.

Vous me permettrez, j’en suis convaincu, de mêler mon effort à l’effort de la jeunesse du IIIe Reich et de m’engager volontairement parmi vos troupes. Je serai infiniment heureux, malgré mon attachement à mon foyer et à mes quatre petits enfants, de connaître le destin militaire de votre jeunesse héroïque.

Que Dieu, Führer, conduise vos drapeaux à la victoire et à la paix.

Rex vaincra !

Degrelle
1, drève de Lorraine,
BRUXELLES »

Pour en revenir à la prétendue paternité de Fernand Rouleau sur la Légion Wallonie, nous nous permettrons donc de douter absolument que l’entreprise menée par le Lieutenant du Chef auprès des responsables allemands du recrutement se soit faite de manière autonome et à l’insu de Léon Degrelle en déplacement à Paris chez l’ambassadeur Otto Abetz pour discuter justement… de la constitution d’une Légion de volontaires belges !

Ce « scoop » auquel De Bruyne tient comme à la prunelle de ses yeux depuis 1991 est désormais repris dans toutes ses publications (naguère encore, en 2010, il en faisait ses choux gras dans la revue grand public Axe et Alliés (Hors-Série n° 10 « Au-delà d’un mythe : la Légion Wallonie et Léon Degrelle », p. 18) et c’est rebelote dans l’Encyclopédie d’aujourd’hui, où il assène encore péremptoirement à l’article « ROULEAU Fernand » : « Véritable fondateur de la Légion Wallonie » !…

Faisons donc un sort à cette pseudo-découverte, rumeur malfaisante que tente de faire passer pour vérité officielle la grenouillette anti-degrellienne qui voudrait égaler la boursouflure bovine de l'ancien prof de l'université de Liège, Francis Balace (1) et revenons aux origines de cette invraisemblable mystification.

« Le 8 juillet 1941, à l’annonce [notons qu’il ne s’agit pas encore du « décret » de F. Rouleau] de la mise sur pied en Wallonie d’un Corps Franc destiné à participer, aux côtés des Allemands, à la Croisade antibolchevique, un personnage énigmatique fit surface : Fernand Rouleau, lieutenant du Chef et Commandant des F[ormations de] C[ombat]. […] A son retour de Paris, Degrelle n’eut plus d’autre éventualité que celle d’épouser les forces en mouvement. Rouleau, quant à lui, eut droit aux “félicitations” de circonstance lors d’une entrevue avec le Chef. […] Dans un premier temps, Degrelle conserva l’espoir, secret sans doute [mais sur quoi De Bruyne se base-t-il ?], que l’entreprise Rouleau échouerait devant les exigences des autorités occupantes. En effet, pour celles-ci, il ne s’agissait pas de faire piètre figure à Berlin ! Aussi avait-on, dans les milieux allemands de Bruxelles, exigé la mise sur pied préalable, à titre de ballon d’essai, d’une formation militaire analogue au sein de laquelle s’effectuerait alors le recrutement définitif pour la L[égion] W[allonie]. Ainsi naquirent les Gardes Wallonnes. […] En date du 6 juillet 1941, dans une longue communication aux Formations de Combat de Bruxelles, le Chef lança un appel vibrant pour que fût constitué de toute urgence le noyau d’une nouvelle unité qu’il se proposait de baptiser Gardes Wallonnes “en souvenir de ces magnifiques régiments sur tous les champs de batailles…” » (Les Wallons meurent à l’Est, pp. 29-31)

Ainsi donc, Léon Degrelle –champion absolu de l’anticipation proactive !– s’efforça « de toute urgence » de mettre sur pied, le 6 juillet 1941, les Gardes Wallonnes pour répondre aux exigences des « milieux allemands de Bruxelles » réagissant à l’annonce, le 8 juillet 1941, dans Le Pays réel par… Léon Degrelle lui-même (et absolument pas par Fernand Rouleau) de la constitution d’« Un corps franc Wallonie » !!!

57 Pays réel 1941 07 08.jpg

On le voit, ce n’est qu’au prix d’un invraisemblable contresens factuel et chronologique que De Bruyne élabore, en 1991, sa fable d’un Degrelle ignorant tout de la constitution du Corps franc Wallonie et d’un Rouleau agissant « à l’insu de ce dernier » (p. 23), à sa guise et en parfait franc-tireur.

De Bruyne se croira même spirituel en élaborant le conte grotesque du bébé Légion Wallonie, de ses parents Rouleau-Kommandostab Z et de son parrain Degrelle ! « conçu sans la bénédiction préalable du Chef de Rex, le nouveau-né que parrain Degrelle tient ce 8 août 1941 sur les fonts baptismaux a connu une gestation des plus difficiles ! [Pour subvenir à ses besoins], Degrelle fera appel aux Formations de Combat, la milice de Rex. Ils permettront au nouveau-né de survivre. C’est que la mère –le Kommandostab Z à Bruxelles– pose des conditions draconiennes à la reconnaissance de l’enfant. Rouleau, le père indigne, avait, en l’absence de son patron, séduit la belle pourtant réticente et avait promis au fruit de leurs œuvres un avenir des plus brillants. »

Par la suite, en 2011 (Léon Degrelle et la Légion Wallonie. La fin d’une légende –resucée encore plus haineuse de Les Wallons meurent à l’Est–, p. 37 sv.), De Bruyne s’emberlificotera dans des explications qui n’ont plus aucun sens.

En voici le schéma tel qu’élucubré aux pages 38-44 :

- Degrelle ne comprend pas l’importance de l’offensive allemande en Russie.
- Degrelle part néanmoins à Paris prendre le thé chez Otto Abetz.
- Rouleau en profite pour entamer des négociations avec les Allemands.
- Rouleau annonce officiellement la mise sur pied de la Légion Wallonie.
- Degrelle, mis devant le fait accompli, est obligé de féliciter publiquement Rouleau mais l’engueule d’importance en privé.
- Les Allemands exigent la création d’une formation militaire « pré-Légion ».
- Degrelle accepte en créant les Gardes Wallonnes.
- Degrelle en est le chef spirituel tout comme il devait l’être du corps d’aviation rexiste contre les Anglais et des forces rexistes pour occuper le Congo.
- Degrelle ne veut pas quitter la Belgique malgré sa lettre hypocrite à Hitler lui offrant ses services (en fait, il savait « que la Wehrmacht n’acceptait pas de ressortissants étrangers » et que la SS « était uniquement accessible aux Germains ! » [Mais Léon Degrelle est-il l’hypocrite décrit par De Bruyne puisque –comme on vient de le lire– il demande expressément à Adolf Hitler d’accepter, eu égard à ses souffrances, une exception en sa faveur ?]
- Degrelle confirme cette volonté de rester planqué en Belgique dans son message aux FC : « Je voudrais être libre et avoir 20 à 25 ans comme vous autres »…
- Robert Poulet lui fait honte et l’oblige moralement à s’engager.

58 Bureau Corps-franc Wallonie.jpg

Et voici les faits respectant la chronologie :

- 1er janvier 1941 : Léon Degrelle identifie définitivement l’idéal rexiste au national-socialisme et conclut résolument son engagement par « Heil Hitler ! ».
- fin janvier-début février 1941 : Léon Degrelle propose la mise sur pied de brigades de volontaires pour intervenir au Congo et pour participer à la lutte contre l’Angleterre.
- 1er mars 1941 : Léon Degrelle encourage l’incorporation de la Brigade motorisée de Rex dans le NSKK (Nationalsozialistische Kraftfahrkorps – Corps de transport national-socialiste).
- 10 avril 1941 : Léon Degrelle envoie une lettre non équivoque à Adolf Hitler pour proposer de se joindre personnellement aux combats de civilisation du national-socialisme (voir ci-avant).
- Dimanche 22 juin 1941 : Adolf Hitler déjoue les plans staliniens d’anéantissement de l’Europe en lançant in extremis l’offensive Barbarossa.
- 24 juin 1941 (Le Pays réel ne paraît pas le lundi) : Léon Degrelle salue la décision du Führer ainsi que la formation du « Front antibolcheviste » dans son éditorial La défense de l'Europe, à la « une » du Pays réel. Annonce de la formation de la « Division espagnole de volontaires ».
- 25 juin 1941 : Léon Degrelle se rend chez Otto Abetz, ambassadeur d’Allemagne à Paris, pour envisager les conséquences à tirer de l’opération Barbarossa, c’est-à-dire la constitution d’une unité militaire pour participer à la croisade antibolchevique.
- 27 juin 1941 : Adolf Hitler accepte que des légions de volontaires de pays étrangers à l’Allemagne participent au combat contre le bolchevisme. Otto Abetz encourage la formation d’une légion de volontaires français.
- 28 juin 1941 : constitution du Corps franc danois.
- 30 juin 1941 : Léon Degrelle affirme que « les Wallons sont assurément dignes d’avoir leur part à la grande croisade ». Léon Degrelle charge son lieutenant Fernand Rouleau qui parle allemand d’approcher les autorités militaires en Belgique (il est lui-même à couteaux tirés avec Eggert Reeder, le chef de l’administration militaire allemande en Belgique). Adolf Hitler accepte officiellement l'offre de Mussolini d'envoyer un corps d'armée et d'aviation de chasse sur le front oriental.

58b Reeder.jpg

- 1er juillet 1941 : Le Pays réel annonce la demande officielle du mouvement Rex de constituer une légion de volontaires pour participer à la « Croisade du vingtième siècle » (voir ci-après).
- 3 juillet 1941 : les autorités allemandes acceptent la création de deux légions unilingues (une francophone et une néerlandophone). Réunion de travail entre Fernand Rouleau et les autorités allemandes (dont le major Baumann, responsable du Kommandostab Z, et le conseiller Thedieck, bras droit de Reeder).
- 4 juillet 1941 : Léon Degrelle reçoit, via Wilhelm Keitel, chef de l’OKW, la réponse d’Adolf Hitler à son offre d’engagement du 10 avril : « Le Führer ne peut vous laisser partir pour le front, parce que vous êtes indispensable pour votre activité politique. »
- 6 juillet 1941 : Léon Degrelle annonce aux Formations de Combat la création des « Gardes wallonnes », armée de l’intérieur.
- 8 juillet 1941 : Léon Degrelle annonce la création de la Légion Wallonie.
Obéissant au Führer, Léon Degrelle se voit obligé d’expliquer son absence de la liste des engagés : « Quant à Léon Degrelle, il avait demandé, dès avant la constitution de la Légion, à pouvoir contracter un engagement. Cela lui fut refusé, la présence du Chef de Rex à la tête de son Mouvement ayant été jugée indispensable » (Le Pays réel, 12 juillet 1941).
- 19 juillet 1941 : Léon Degrelle décide de passer outre la volonté du Führer et de donner l’exemple en s'engageant lui-même (peut-être pour stimuler les engagements qui avaient été surestimés ? plus certainement « parce que je n’avais pas le droit de demander à mes compagnons plus que je ne donnais moi-même », La Cohue de 1940, p. 525) : « Ce sont nos camarades bruxellois déjà engagés dans la légion volontaire anticommuniste qui ont eu, samedi soir [19 juillet], la primeur de la nouvelle. Avant l’assemblée qui réunit les militants des Cercles de Bruxelles, le Chef de Rex avait voulu s’entretenir avec ses camarades de la F.C. et du Mouvement qui avaient déjà signé leur engagement. Après les avoir remerciés, il leur annonça que lui, qui les envoyait là-bas, n’acceptait cette responsabilité que parce qu’il voulait partager leur sort, connaître les mêmes dangers et les mêmes souffrances qu’eux. Il ne les enverrait pas au combat contre les bolchéviks, il les y conduirait comme, depuis six ans, il les avait conduits. » (Le Pays réel, 21 juillet 1941).
Robert Poulet, ignorant cette décision, se souviendra bien plus tard (6 décembre 1985) avoir reproché à Léon Degrelle, à l’issue du meeting de Bruxelles, le 19 juillet (soit après la rencontre de Léon Degrelle avec les premiers engagés, préalable au meeting), d’envoyer les autres au « casse-pipe » et avoir admiré le courage de son engagement immédiat, annoncé publiquement au meeting de Liège du 20 juillet ! (voir ce blog au 7 mai 2016).
- 22 juillet 1941 : Léon Degrelle se présente au bureau d’engagement du Corps franc Wallonie, sis au numéro 36 de la Grand-Place à Bruxelles. Il reçoit le numéro matricule 237.
À travers tout le pays, ce sont plus de 400 nouveaux engagements rexistes qui se manifestent, portant le total des effectifs enregistrés à 911.889753482.jpg
- 31 juillet 1941 : Léon Degrelle passe le conseil de révision.
- 8 août 1941 : Léon Degrelle présente officiellement la Légion Wallonie à la population et aux autorités allemandes au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.


M
ême si c’est Fernand Rouleau qui, en l’absence de son chef, a obtenu l’accord du Kommandostab Z (section de la Militärverwaltung chargée du recrutement) pour la constitution du « Corps franc Wallonie », cela ferait-il pour autant de lui le « père » de la Légion Wallonie ? Oui, nous dit De Bruyne, car Léon Degrelle fut acculé à sauter dans le train en marche « non sans avoir au préalable copieusement sermonné Fernand Rouleau, l’instigateur de l’entreprise » (p. 30). Là, une note –la seule référence à l’appui de sa fiction– nous apprend que l’information vient d’une lettre à l’auteur de Jules Mathieu, officier engagé de la première heure à la Légion Wallonie. Comme De Bruyne se garde bien de la reproduire, nous pensons qu’il n’y est pas du tout question de la « paternité » de la Légion, mais, plus vraisemblablement, de la raison de la mauvaise humeur du Chef qui avait envisagé une Légion belge, c'est-à-dire pré-bourguignonne, plutôt que strictement wallonne, c’est-à-dire uniquement francophone…


59 Fernand Rouleau FC.jpg
Mais pourquoi De Bruyne ne brandit-il pas plutôt cet article du Pays réel du 1er juillet 1941 qui est le seul à mettre le rôle de F. Rouleau en exergue (sans toutefois le nommer) : « C’est pourquoi, en l’absence du Chef de Rex, son Lieutenant, agissant au nom de tout l’Etat-Major du Mouvement, a adressé à Son Excellence le Gouverneur Militaire pour la Belgique et le Nord de la France, une lettre lui demandant, d’une manière pressante, de bien vouloir faire connaître au Führer et Commandant en Chef de l’Armée, le désir ardent des nationaux-socialistes wallons de s’associer à la Croisade du vingtième siècle » ? Tout simplement parce que ce texte établit clairement que Fernand Rouleau n’agit pas seul et de sa propre initiative : sa lettre est l’expression de « tout l’État-Major du Mouvement » et résulte (« C’est pourquoi ») des initiatives de Léon Degrelle présentées dans les paragraphes précédents : « L’été dernier et en janvier de cette année encore, notre Chef proclamait notre désir d’assumer en ces heures historiques, une action positive. […] C’est la raison pour laquelle, au mois d’avril encore, nous insistions pour que les Wallons puissent y jouer un rôle actif […]. Nous n’ignorons certes point que l’armée du Reich n’a nul besoin d’apports étrangers pour conduire victorieusement l’action qu’elle vient d’engager. Mais à ce rendez-vous de tous les peuples conscients de notre continent, nous ne voulons pas, nous ne voulons à aucun prix, être absents. »

Cet article du Pays réel s'adresse en fait davantage aux autorités allemandes qu'à ses propres lecteurs : il s'agit de fournir une explication plausible car publique à l'entrée en lice du « Lieutenant du Chef » (significativement non autrement désigné) : c'est bien évidemment Léon Degrelle qui eût dû se charger des contacts avec les autorités d'occupation, mais il est malheureusement absent (comme le savent évidemment les autorités allemandes, il se trouve à Paris, en discussion avec l'ambassadeur du Reich, Otto Abetz afin d'obtenir son appui auprès des autorités allemandes pour la constitution d'une unité belge). Or il y a urgence (des légions se lèvent déjà à travers toute l'Europe). Donc « en l'absence du Chef », c'est son « Lieutenant » qui a été chargé de cette mission (concrétiser la volonté d'engagement des Wallons proclamée par Léon Degrelle), et ce, puisque le Chef est absent, « au nom de tout l’État-Major du Mouvement ». La manœuvre est habile car l'interlocuteur allemand officiel, le chef de l'administration militaire Eggert Reeder, déteste Léon Degrelle et le Lieutenant du Chef, Fernand Rouleau, a l'immense avantage de parler couramment allemand.

Quant au résultat finalement obtenu (abandon de l'idée d’une légion « belge »), Léon Degrelle ne cachera pas sa désillusion (même si la décision allemande correspondait plutôt à l’esprit de l’accord Rex-VNV signé le 10 mai précédent: mais pourquoi, dans la perspective d'un empire européen où la Belgique bourguignonne devait retrouver sa place, séparer ce qu'il faudrait réunir par la suite ?): « Alors que nous partions précisément pour constituer une unité politique supérieure –l’Europe– certains Allemands nous coupaient dès avant le départ en deux tronçons, Wallons d’un côté, Flamands de l’autre ! […] La volonté de discrimination sautait aux yeux. Cela irait jusqu’à un tel point que les Flamands se verraient envoyer tout au nord de la Russie, au seuil de Leningrad, tandis que les volontaires wallons seraient expédiés à l’extrême opposé, au Donetz, puis au Caucase ! Nous étions séparés par trois mille kilomètres ! On ne pouvait pas nous séparer plus ! Les orientations perverses étaient éclatantes. » (Jean-Michel Charlier, Léon Degrelle. Persiste et signe, p. 266).

Mais en ce qui concerne l’origine de la Légion, Léon Degrelle sera tout aussi clair, précisant spontanément, en 1976 – in tempore non suspecto donc : quelque quinze ans avant la fable de De Bruyne !– quel fut le rôle de chaque protagoniste :
« Nous sentions que la situation de notre pays était désespérée, qu’il était menacé de séparation et d’absorption, que seulement en atteignant une situation d’égaux, nous pourrions, peut-être, un jour, acquérir la position de force qui nous permettrait de traiter avec les Allemands en hommes respectés. […] Au moment de former nos légions, dans des circonstances si difficiles, nous n’avions en face de nous que des autorités allemandes d’occupation avec lesquelles, moi, je n’entendais pas traiter. […] Je n’ai donc pas traité avec eux. Je leur ai envoyé un émissaire qui s’appelait Rouleau et avait l’avantage de parler allemand. […] Alors, vous le voyez, c’est cahin-caha que nous lançâmes notre Légion, parce que, d’une part, notre foi nous poussait à cette Croisade, mais, d’autre part, parce que notre absence eût marqué la fin de toute prétention à l’unité, et peut-être même à la survie de notre peuple. » (Jean-Michel Charlier, Léon Degrelle. Persiste et signe, pp. 267-268). Précisons, si besoin en était que « l'unité de notre peuple » dont parle Léon Degrelle ne s'envisageait pas dans la permanence de la Belgique de 1830, mais dans la perspective de la résurrection d'une nouvelle Bourgogne au sein de « l'unité politique supérieure », l'Empire européen (voir ce blog au 18 juin 2017).

Voilà donc la situation bien claire : Fernand Rouleau n’a jamais mis Léon Degrelle devant le fait accompli en négociant de son propre chef avec les autorités allemandes ; il a simplement rempli, avec un relatif succès, son rôle d’émissaire que lui avait confié son chef et qui lui avait été officiellement confirmé par l’État-major de Rex. Et ce n’est pas parce que F. Rouleau aurait signé certains « documents internes » ff Commandant de la Légion Wallonie – le Cdt F.C. Rouleau (p. 46) que cela en fit un supérieur du premier Commandeur Georges Jacobs, ni surtout du vrai père de la Légion, Léon Degrelle (qui sut bien le rappeler en temps utile !). Il faudrait alors dire aussi que le major Baumann, le chef du Kommandostab Z, avec lequel Fernand Rouleau était en rapport, aurait tout autant le droit de porter le titre de « père de la Légion Wallonie » !...

Le seul père est celui qui l’a voulue passionnément, l’a réclamée à cor et à cri par voie de presse, l’a imposée à toutes les autorités malgré toutes les objections, est parvenu à la constituer, lui a donné son nom et ses drapeaux avant de s’y engager et de la présenter officiellement aux autorités d’occupation et au peuple belge : Léon Degrelle !

60 LD PBA 8 août 41.jpg

Peut-être De Bruyne nous racontera-t-il maintenant que c’est pour répondre anticipativement à sa « rectification » de l’histoire que Léon Degrelle aurait échafaudé ce jeu de rôle ? Mais c’est au contraire De Bruyne qui invente un nouveau conte à dormir debout à l’appui de son « scoop » : « [Degrelle] se trouva noyé dans la masse des volontaires au pied des escaliers de la rue Horta. […] En tête du cortège, juste derrière le porte-drapeau, Rouleau, déjà, prenait des allures de commandant en chef. […] Au moment précis où la colonne s’ébranlait en direction de la Gare du Nord, très peu de personnes présentes remarquèrent le regard chargé d’inquiétude et de sourde colère lancé par Degrelle en direction de son collaborateur. »

61 Axe et Alliés.jpg

Il n’y a, en fait, que De Bruyne pour avoir décelé « ce regard chargé d’inquiétude et de sourde colère » ! Dans Axe et Alliés, il prétend même nous en donner la preuve photographique, avec cette légende : « Rouleau devant le drapeau et Degrelle derrière, dans les rangs. Peu de personnes présentes remarquent le regard chargé de froide colère que ce dernier lance en direction de son rival » !!!

Pour notre part, nous remarquons seulement l’air grave et digne de Léon Degrelle, tout empreint de la conscience de vivre un moment historique : les différentes photos dont nous disposons le montrent les yeux clos ou mi-clos, ou fixant fermement l’étendard qu’il vient de confier solennellement aux trois officiers porte-drapeau, plutôt que fusillant du regard Fernand Rouleau qui va effectivement guider à travers les rues de Bruxelles la colonne des volontaires offrant leur vie pour affronter le bolchevisme.

Pour achever d’enlever tout crédit à la légende qu’essaie d’établir De Bruyne à propos de la paternité de la Légion, nous reproduisons un bref reportage photographique sans équivoque du départ des Légionnaires du 8 août 1941. Si Léon Degrelle, le chef de Rex qui a voulu cette Légion de toute son âme, part comme simple soldat, c’est au premier rang de ses pairs qu’il a convaincus de le suivre qu’il se place.

Cet impressionnant acte d’humilité est absolument volontaire et politiquement significatif. Faut-il donc encore en rappeler le sens ?
« Depuis le début de 1941, je savais qu’aussi longtemps que la guerre durerait, la politique ne pouvait conduire à rien de grand. En m’engageant, je coupais court à toutes les tentations médiocres. J’étais décidé à ne revenir à la politique que dans le cas où j’aurais acquis, entre temps, le droit de parler en maître. […] Pour moi, la question ne se posait pas ; on n’engage pas des camarades à aller au-devant de la mort sans courir ce risque soi-même. On ne propose pas aux autres de souffrir, sans souffrir avec eux. […] C’est pour donner à mes compagnons ce réconfort que je partis comme simple soldat, et que je restai si longtemps dans le rang, peinant comme tout le monde, mêlé aux plus humbles d’entre eux dans la maigre paille des gîtes ou dans la neige folle qui hurlait. […] Accepter un grade sans l’avoir mérité, c’était se mettre dans un état d’infériorité vis-à-vis des Allemands. […] Sur les Allemands, peuple de guerriers, mon attitude était la seule qui pût faire de l’impression. Elle ahurit d’abord, stupéfia pas mal d’officiers de la Wehrmacht à qui on me montrait du doigt, en première ligne, chargé de tout mon barda de simple troupier, ma grosse mitrailleuse sur l’épaule. Mais elle me valut, avec le temps et les combats, une autorité et une renommée telles que si Hitler avait gagné, elles m’eussent permis de tout obtenir pour la Belgique. » (La Cohue de 1940, pp. 524 sv.)

62 41 08 08 Légion PBA3.jpg

63 41 08 08 Légion PBA7.jpg

64 41 08 08 Légion PBA8.jpg

65 41 08 08 Légion PBA10.jpg

66 41 08 08 Légion PBA13.jpg

En partant volontairement comme simple soldat parmi les volontaires, mais au premier rang des engagés, Léon Degrelle, en uniforme des Formations de Combat comme la plupart des autres rexistes, ne pouvait nourrir aucune colère ni aucun ressentiment vis-à-vis de Fernand Rouleau qui, en tant que lieutenant-général des formations de combat dont il porte l’uniforme, était en droit d’emmener ce départ. Que, par la suite, sa fonction d’officier lui soit montée à la tête et qu’il s’en soit montré indigne, non seulement aux yeux de Léon Degrelle (qui pouvait entrevoir son objectif politique compromis) mais aussi, comme le souligne par ailleurs Eddy De Bruyne, aux yeux des responsables allemands du camp d’entraînement de Regenwurmlager (p. 49), entraînant son renvoi pur et simple : cela, c’est une autre histoire...

eddy de bruyne,fernand rouleau,léon degrelle,légion wallonie,martin conway,eggert reederPour terminer, nous noterons que même son coreligionnaire en sectarisme antidegrellien, Martin Conway (voir supra), n’a jamais suivi De Bruyne dans son extravagance, rétablissant faits et chronologie de manière plausible (abstraction faite de ses commentaires antidegrelliens) dans les deux éditions (1994 et 2004) de sa chronique : « [Léon Degrelle] décide, aussitôt qu’il apprend la nouvelle de l’attaque allemande, de renouveler sa requête pour constituer une unité militaire de volontaires. […] Ainsi qu’on pouvait le prévoir, la première réaction du chef de Rex, à l’annonce des événements du 22 juin, est de se précipiter à Paris où son allié Otto Abetz est déjà occupé à encourager les collaborateurs français à créer la Légion des volontaires français qui se battra sur le front de l’Est. Sans aucun doute, l’ambassadeur allemand conforte Degrelle, mais en son absence de Bruxelles, c’est à Rouleau qu’il appartient d’approcher la Militärverwaltung. […] De retour à Bruxelles, Degrelle soutient avec enthousiasme les efforts de son lieutenant et leur persévérance est finalement récompensée. […] Degrelle exulte et annonce ce succès au cours d’une réunion des formations de combat le 6 juillet à Bruxelles. […] Le Corps franc Wallonie [est] annoncé [le 8] juillet et bientôt connu sous le nom Légion Wallonie » (Degrelle. Les années de collaboration, p.127).



(1) Dans un article de 1992 dégoulinant d’une haine antidegrellienne telle qu’elle obère toute crédibilité scientifique (« Degrelle mémorialiste, appartient plus au domaine du psychiatre qu’à celui de l’historien » : Léon Degrelle avait, il est vrai, osé dénommer « Besace » cette outre de suffisance), Francis Balace, ce pseudo-freudiste vindicatif, a d’ailleurs accepté la grenouillette De Bruyne dans sa secte malfaisante en faisant sienne sa fable oiseuse, lui donnant ainsi son vernis de sanction académique (Jours de guerre n° 8, p. 78).

Les commentaires sont fermés.